Synthèse du séminaire du 5 novembre 2020

12/11/20200 commentaires

SYNTHÈSE DES DISCUSSIONS

« COVID-19 QUELS IMPACTS, QUELLES RÉPONSES ET QUELLES INNOVATIONS ? »

 Séminaire international du 5 novembre 2020 organisé par le Réseau Habitat et Francophonie

Rapporteurs : Michel Max Raynaud (Université de Montréal, Montréal, Canada) et François Routhier (Université Laval, Québec, Canada)

La COVID-19 a frappé mondialement et soudainement et pris les sociétés par surprise. Un autre constat est que cette pandémie est là pour durer et va imposer des réponses à long terme. Le logement fait partie des réponses. La plus importante des réponses. Il est évident que la COVID-19 est un terrible indicateur des inégalités sociales et économiques, des inégalités des populations devant la sécurité sanitaire et devant la sécurité de l’habitation. La COVID a mis en avant les manques dans nos pratiques, mis en avant ce qu’il est urgent à améliorer ou du moins ce qu’il faut tenter de rectifier. Alors pourquoi ne pas regarder la COVID-19 comme une opportunité à innover, à accélérer nos transformations ?

La COVID-19 nous a remis en évidence que le logement est plus que le logement. Le logement est bien entendu le lieu de d’épanouissement familial, mais le logement c’est aussi l’espace autour pour la vie sociale avec les espaces publics, c’est aussi l’opportunité de vie pratique avec les équipements et services, c’est bien entendu la capacité d’offrir des possibilités de travail. Le confinement a d’une certaine façon mis le logement au cœur de ces fonctions en mêlant les frontières et en révélant les possibilités limitées des logements à répondre à ces nouveaux défis.

Le logement social et plus particulièrement le logement urbain est bien au centre des solutions pour un développement durable. Les conférenciers des pays du Sud ont brossé un portrait sans concession des réalités que rencontrent les populations, particulièrement les plus défavorisées.

Ce portrait a aussi montré les difficultés financières, techniques et politiques. Tout d’abord les capacités d’emprunt et d’endettement limitées. Contrairement aux pays du Nord rares sont les gouvernements du Sud qui ont pu mobiliser des fonds publics. Des pays dépendants des approvisionnements se sont trouvés souvent privés de moyens de construction. Des pays dépendants des investissements étrangers ont vu des projets interrompus quand ils n’ont pas été abandonnés.

Ce portrait a ouvert des perceptions à la fois innovantes et inspirantes. La pandémie a aidé les gouvernements à prioriser l’urgence de politiques en logements sociaux. L’urgence de construire plus vite, moins cher et de qualité. De diversifier l’offre et d’adapter l’offre à la demande et surtout aux nouveaux besoins imposés par la pandémie d’habiter, d’apprendre, de travailler et de s’épanouir. Du point de vue économique des perceptions nouvelles apparaissent. On a vu que les gouvernements pouvaient revoir les cadres juridiques et de gouvernance, ainsi que les politiques d’investissement en contribuant aux projets privés, par exemple en soutenant les habitants en garantissant leurs crédits.

De toute la richesse des contributions à ce séminaire, nous soulignerons trois initiatives particulièrement importantes et qui répondent au besoin de construire AVEC les habitants (comme cela a été souligné dans un commentaire). Tout d’abord en ce qui concerne le financement du logement abordable, notons la mobilisation des acteurs du secteur informel. Ce sont des opérateurs économiques majeurs. A titre de rappel, l’économie informelle est la seconde économie mondiale. Il est temps qu’elle profite aux habitants en participant activement au développement du logement abordable.

Ensuite la participation citoyenne aux conceptions et développement du logement. Après tout, l’habitant n’est-il pas l’expert de la vie quotidienne. L’habitant doit pouvoir accompagner les projets qui le concerne. Il faut aujourd’hui penser les logements évolutifs, adaptables aux besoins nouveaux. Et cela a été souligné, le rôle des femmes dans les politiques à construire. Ne sont-elles pas les premières concernées ? Quand ce ne sont pas les premières victimes. Enfin, et c’est un point important la question de la construction. On a souligné l’importance de former aux métiers du bâtiment. Et se tourner vers les ressources locales, les matériaux locaux, les techniques locales. En se tournant aussi sur les potentialités d’innovations des universités, des centres de recherche, des startups. Ils sont les partenaires pour aider les décideurs et les populations à répondre durablement au défi de l’habitat.

De leur côté, les conférenciers des pays du Nord ont fait consensus sur les impacts de la COVID-19 en lien avec le logement sur la population en générale, mais les populations vulnérables en particulier (personnes âgées, personnes handicapées, personne à faible revenu, etc.). Ces impacts se sont manifestés dès le début du confinement en mars 2020, mais perdure dans plusieurs cas. Les conférenciers ont mentionné comme impacts de la COVID-19 en lien avec le logement: la santé physique des individus, la santé mentale en lien avec l’isolement, la santé financière, la capacité de payer, le report des paiements, le besoin d’information des individus, le besoin d’accompagnement des locataires, les couts excédentaires des exploitants, etc. La réorganisation du travail des organisations que représentaient les conférenciers des pays du Nord a aussi été beaucoup abordée.

La nécessité d’informer sous différentes formes et pour différents éléments problématiques de la pandémie les exploitants de logements sociaux et également les locataires constitue un élément central de la réponse aux différents impacts soulevés. Des efforts ont été déployés afin d’assurer la continuité des services aux locataires (ex. : acquisition d’équipements de protections personnels, réorganisation des services de nettoyage/désinfection, modification des politiques d’utilisation des aires communes) et leur sécurité (ex. : mise en place d’appels de bienveillance, contrôle des entrées/sorties des édifices).

La possibilité de reporter les paiements des locataires a été également une solution aux impacts immédiats de la pandémie qui a été rapidement en place. L’importance des liens avec le réseau de la santé et des services sociaux ainsi qu’avec les organismes communautaires du milieu a été mis en lumière. Des cellules de gestion de crise ont été créées. L’agilité et la rapidité de réponse des organisations ont été cruciales dans la réponse à fournir aux populations. Le télétravail est devenu la norme et s’est avéré salutaire pour la poursuite des activités des organisations qui soutiennes les locateurs et les locateurs eux-mêmes.

Il est trop tôt pour tirer des constats. Il est nécessaire d’apprendre de la première vague pour minimiser les impacts de la deuxième vague qui débute un peu partout sur la planète. Il ne faut pas s’habituer à la situation liée à la pandémie de COVID-19. Il faut toutefois profiter du momentum créé par cette situation pour mettre en œuvre des solutions et des innovations à des problèmes qui ont été exacerbées par celle-ci. Le besoin d’innover et de s’adapter persistera au-delà de la pandémie de COVID-19.

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