Paris Habitat et Jean-Pierre Schaefer, expert du financement du logement social, tous deux membres de notre réseau, sont engagés dans une démarche de coopération avec l’Ordre des Ingénieurs et Architectes de Beyrouth et l’Etablissement Public du Liban. Celle-ci vise à dessiner une nouvelle politique du logement afin de mieux répondre aux besoins des habitants. En effet, la question du logement abordable, dans un contexte marqué par les conséquences de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août dernier et la grave crise économique et politique que traverse actuellement le pays, est aujourd’hui de première importance.
Bertrand Bret, Délégué aux Relations Internationales à Paris Habitat, répond à nos interrogations :
- Paris Habitat s’est engagé dans une démarche de coopération avec les acteurs libanais du logement. Quel est l’intérêt pour votre établissement de participer à ce type de projet ?
Paris Habitat, fort de ses cent ans d’existence, bénéficie d’une compétence professionnelle reconnue dans la diversité des métiers qu’il exerce. Partout dans le monde, l’accès au logement pour tous est une question fondamentale. Pour autant, l’existence d’opérateurs spécialisés dans la production et la gestion du logement social n’est pas une réalité dans un grand nombre de pays. C’est pourquoi notre établissement, en lien avec la Mairie de Paris et les services de l’Etat, s’engage à l’international pour offrir son expertise et soutenir les efforts d’autres pays, villes ou organismes souhaitant développer une politique de logement locatif favorisant la mixité sociale.
- Comment s’organise la coopération sur le logement et quelles sont les parties-prenantes ?
Paris Habitat fait partie d’une mission française d’experts du logement soutenue par la Présidence de la République. Yves-Laurent Sapoval, y représente la Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) du Ministère de la Transition Ecologique ; Jean-Pierre Schaefer intervient aux côtés de Claude Schneegans, représentant de la Banque des Territoires de la CDC sur la question du financement, Bruno Marot, fin connaisseur du Liban, participe en tant qu’urbaniste et expert foncier-habitat. Du côté libanais, nous travaillons avec Jad Tabet, président de l’Ordre des Ingénieurs et Architectes de Beyrouth (OIA), et Rony Lahoud, PDG de l’Etablissement Public du Liban. ONU-Habitat et la Fondation de France sont également associés à la démarche.
- Quelles actions concrètes ont été menées à ce jour dans le cadre de la mission Liban ?
La première étape a été celle du dialogue avec nos partenaires libanais afin de bien comprendre la situation et leur demande. Puis, nous avons organisé ensemble l’intervention de la mission française lors d’une table-ronde dédié au logement abordable, à l’occasion d’une conférence sur la reconstruction et la revitalisation des quartiers dévastés. Organisée entre le 12 et le 14 mars par l’OIA, elle fut une étape importante qui a permis d’établir un constat partagé entre les acteurs libanais du logement, de l’immobilier, du secteur financier et de la société civile. Les experts français ont proposé des pistes de réflexion tirées de leur propre expérience : Paris Habitat y a présenté le modèle français du locatif social comme un outil favorisant l’accès au logement et la mixité sociale. Une seconde conférence a eu lieu le 11 avril pour approfondir les sujets déjà évoqués.
- Quelles sont les principales conclusions à l’issue de ces deux conférences ?
Tout d’abord, l’établissement d’un diagnostic largement partagé de la situation relevant l’inadéquation entre l’offre de logement et les ressources des ménages, le manque de politique publique en faveur du logement abordable et la nécessité de mettre en œuvre des dispositifs législatifs utiles qui, assez paradoxalement existent, mais ne sont pas appliqués. Ensuite, la première conférence a permis l’élaboration de 10 propositions posant les bases de la reconstruction de Beyrouth et la seconde de 5 recommandations pour y développer du logement abordable. Pour ma part, je retiens 4 préconisations concrètes : la création d’un observatoire du logement, la mobilisation du parc vacant pour développer une offre locative abordable, l’amélioration des compétences professionnelles des organismes gestionnaires de logements et le lancement d’une consultation entre tous les acteurs concernés pour l’élaboration d’une nouvelle politique de l’habitat pour tous.
- Quelles sont les prochaines étapes et quelles perspectives pour la coopération entre la France et le Liban dans le domaine du logement abordable ?
La prochaine étape sera celle d’une grande consultation entre les acteurs libanais sous la forme de réunions de travail thématiques : financement, gestion locative, accompagnement social. Nous continuerons à apporter, avec RHF, un soutien technique à nos partenaires dans le cadre d’un processus de réflexion collective favorisant l’émergence de solutions adaptées au contexte libanais.